Enjeux autour des applications mobiles pour la santé

Les médecins pourraient être amenés à prescrire dans un avenir plus ou moins lointain des applications mobiles e-santé. Certains programmes d’e-santé, notamment de gamification ont d’ailleurs déjà fait l’objet d’une prise en charge dans certains pays (par le NHS au Royaume-Uni notamment).

Des développements à venir

Les applications existantes ne présentent probablement qu’un faible aperçu de ce que seront les applications de demain mais permettent déjà de tracer les lignes des développements futurs :

Les applications destinées aux patients

Sachant que les applications « biface » : une déclinaison « pro » réservée au médecin et une version « patients » qui s’interfaceront de manière à permettre la transmission de données sont de toute évidence amenées à se développer.

Diagnostic médical : évaluer les risques et les bénéfices

Certaines applications de diagnostic médical laissent déjà envisager des développements futurs qui pourront s’insérer encore plus intimement dans la pratique du médecin. Il reste d’ailleurs à évaluer les risques et les bénéfices d’une telle « intrusion ». Ce qui pose tout un ensemble de questions auxquelles il n’a pas vraiment été répondu à ce jour à mon sens.

Que deviendra l’intuition du médecin face au « prémaché » de certaines applications? Comment s’intercaleront l’une et l’autre?
Comment prendre le risque de confier la création d’une application à des acteurs se retrouvant en situation de conflit d’intérêt? Est-ce acceptable?
Question de prospective peut-être exagérée je l’avoue (et l’espère) : Dans quelle mesure sera-t-il possible pour des professionnels de santé de se retrancher derrière une analyse de l’application dans les cas où leur responsabilité civile est engagée?

Opportunités de partenariats

Ce type d’applications (tous comme leurs versions logicielles en particulier pour la prescription) intéressent fort logiquement les entreprises du médicament, qui peuvent d’une part y trouver des opportunités de communication et d’insertions publicitaires (Notamment avec les logiciels d’aide à la prescription dont le modèle commercial est basé sur la gratuité et qui sont donc financés par les recettes publicitaires) ; et par ailleurs recueillir des données précieuses sur les comportements des utilisateurs de leurs applications.

La question de la certification et du contrôle

La question de l’approbation, ou plutôt de la labellisation de ces applications ou de ces logiciels se pose nécessairement à un moment ou un autre. en plus de ces process de certification, il doit y avoir un contrôle des pouvoirs publics sur ce qu’il est possible ou non de faire en matière d’applications, ceci est d’autant plus vrai que ces applications accèdent à des données sensibles des utilisateurs (avec les applications orientées patients par exemple). Je donnerai un aperçu dans mon prochain billet du dispositif existant, et tenterai de définir ce qu’on est en droit d’attendre en la matière.

Où mettre le curseur? Quelles conditions et quels critères pour pouvoir prétendre à la certification?
Qui définit les conditions et critères que doit remplir une application pour obtenir la certification? Quelle place pour les associations d’usagers?
Qui doit contrôler l’adéquation des applications au cahier des charges? Qui décide des modalités du contrôle? Une autorité ad hoc?
Les applications doivent faire l’objet d’un audit régulier, comment faire remonter l’information?
Sachant que les applications connaissent des développements et mises à jour régulière, cela suppose, à chaque fois un nouveau passage par la procédure de certification, est-ce prévu?

La nécessité d’élaborer des référentiels

D’après M. Lee H. Perlman, Directeur opérationnel d’Happtique, Une filiale commerciale de la Greater New York Hospital Association, les médecins prescriront bientôt à la fois des applications testées cliniquement, et des applications plus modestes telles que celles permettant au patient de monitorer son activité physique ou alimentaire, de lui rappeler à quels moment il doit prendre ses pilules, etc. La GNYHA a ainsi créé son propre référentiel « maison » pour déterminer la qualité des applications liées à la santé, et assiste ensuite les médecins pour les intégrer dans le cadre de leur pratique médicale.

L’hôpital

Dans cette perspective, on imagine que les grosses chaînes d’hôpitaux peuvent devenir le siège de bien des sollicitations de la part des créateurs d’applications en particulier quand ces dernières associent des partenaires tels que les entreprises pharmaceutiques. Certaines chaînes choisissent d’ailleurs de créer leurs propres applications, comme la mayo clinic avec une application permettant notamment au patient de recueillir des informations sur les essais cliniques en cours.

Confidentialité des données versus tracking utilisateur

L’autre point qui chagrine John Mack dans son billet, c’est l’éternelle question des données recueillies lors de l’utilisation de l’application par l’internaute, comment établir (et qui établit) quelles données sont recueillies et ce qui en est fait? Un organisme certificateur? Existe-t-il?